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Matthieu Le Chevalier dans l'édition de dimanche11 janvier 2009 du «Parisien- Aujourd'hui en France» relate
en ces termes son déplacement à Mont- de- Marsan pour y couvrir le match du championnat de France de rugby de top 14 du stade Français»
chez le promu landais l'esprit rugby village perdure...derrière le comptoir du basco-landais gargote champêtre jouxtant le stade le patron est catégorique...les 30 000 habitants de la préfecture vibrent derrière leur unique attraction à 50 kilomètres à la ronde...D'un autre âge le stade ne contient qu'une tribune couverte, un amas de béton friable et de tôles. Les résultats y sont annoncés en gascon, le patois local. Entre eux les joueurs aiment les blagues de potaches, comme remplir une voiture de poissons pourris ou laisser des rats envahir le vestiaire... l'effectif vit en famille et prolonge les entrainements au café Divan repère situé en centre ville et où l'alcool coule à flots...une bière à la main en quittant le vestiaire le numéro 8 Marc Giraud...»Ce Chevalier est bien piètre commentateur et peu talentueux journaliste tant il est vrai qu'il est loin, bien loin de notre réalité. A dire vrai son portrait de la Gascogne est à ce point superficiel et incomplet que cela mériterait une attitude sévère et une admonestation ad hoc de la part de sa hiérarchie. Le Chevalier en question est à des lieues - unité comptable locale chez les ploucs !- de la vérité, très en dessous de que sont la Gascogne, les Gascons, les Landais et leur vie quotidienne. Nous sommes en effet terriblement bien pires que son portrait très incomplet ! En poussant plus avant l'enquête et dans un souci exhaustif de clarté Le Chevalier aurait du raconter à ses lecteurs du septentrion civilisé combien la vie ici est une atteinte permanente aux convenances, à l'humanité, au progrès social.
Il est vrai que nous vivons comme apaches refoulés dans leur réserve insalubre sous des cieux peu cléments. Notre patrimoine est à ce point ridiculement réduit à la portion congrue que nous en sommes conduits à obliger nos enfants ignares à se nourrir de bêtes sauvages, canards, bécasses, grives, sangliers, chevreuils tant en civets, pâtés, rôties que magrets, associés à de trop rares légumes que nos paysans illettrés cultivent en retournant la terre mauvaise de leurs pauvres mains abîmées. Nous allons même jusqu' à organiser, durant les quelques rares moments de soleil que nos étés misérables nous abandonnent, des courses de taureaux où les plus jeunes d'entre nous risquent leur vie pour tuer le bovidé afin ensuite de rassasier leur famille souffreteuse de la viande du cornu. Enfin les hivers, comme nous n'avons comme distractions que l'écoute du hurlement des loups qui guettent l'égaré dans nos bois touffus et inhospitaliers, nous engageons dès leur plus jeune age nos enfants à sacrifier au terrible jeu de rugby, notre seule activité sociale. Un affrontement sanglant au cours duquel trente hommes des plus limités intellectuellement - bien que nous le soyons tous un peu ici - s'affrontent dans la boue à grands coups de têtes, de fronts et d' épaules pour la conquête d'une vessie de porc que les femmes feront ensuite bouillir avec les pissenlits sauvages arrachés au sol gelé pour nourrir la famille des vainqueurs. Eloignés de tout, du savoir, de la culture et de la science, ignorants des avantages du confort moderne nous ne lavons nos enfants qu'au solstice de juin dés après le feu de la St Jean où nous ripaillons en les contraignant à boire moult mélange au houblon fermenté depuis potron minet.
Puis nous regardons la lune de laquelle descendent les sorcières que nous redoutons tant en nous demandant s'il est vrai que la terre est réellement ronde. Ces fabliaux que nous comptent ces gazettes que des marchands itinérants parfois abandonnent dans nos mauvais vents en fuyant au plus vite notre pays maudit. Voilà ce qu'aurait relaté Le Chevalier s'il avait été un tantinet scrupuleux et intègre des choses de sa profession. Pardon de ne pas vous décrire plus encore les conditions de nos tristes vies ici en Gascogne mais ma chandelle est morte, je n'ai plus de feu et je viens de briser ma dernière plume. Allez, adishatz et pardon pour mon mauvais françois. Ici la langue des gueux et des ploucs n'est pas non plus le vertueux latin des riches mais bien cet occitan décliné gascon que nous seuls comprenons!
Pierre-Albert Blain
Carte de presse 52 401
Journaliste en Gascogne et plouc assumé.